dimanche 27 mars 2011

14. LE RUCHER DE LA GARE AU LOUP

A environ 1 km à vol d'oiseau de chez moi se trouve le rucher de Caro et Seb qui s'acharnent depuis quelques années à monter une entreprise pour une production locale de miel. Bravo à eux! Je suis tout à fait admirative.

Ils sont régulièrement sur plusieurs marchés locaux et nationaux. Je leur souhaite de réussir à continuer de gagner leur pari, que le miel qu'ils fabriquent à la 'Gare au Loup' sur la commune de St Gilles dans l'Indre devienne le 'buzz' de tous les medias ici et ailleurs en Europe. J'aimerais, par exemple, me promener un jour dans un grand magasin à Londres ou à Berlin et trouver un pot de Miel du Berry fabriqué à St Gilles. Ils y travaillent!

Leur site web:

13. Pas joignable

Comment expliquer qu'avec un téléphone mobile, un téléphone fixe et un ordinateur branché sur internet, je ne puisse pas être joignable???

Fastoche. Mon mobile, un joli Bic orange, qui répond au numéro de zéro six sept six trois neuf sept zéro cinq cinq, se trouve la plupart du temps hors réseau. Ben oui, en zone rurale, les téléphones mobiles sont souvent inutilisables. A St Civran, à l'atelier de poterie, ça marche, mais à Chazelet où je réside, ça ne marche pas. Alors pour éviter que la batterie se vide en cherchant un réseau introuvable, je le ferme. Je viens heureusement d'installer le système de boîte vocale où je peux écouter les messages de mon mobile directement sur mon ordinateur. Donc, s'il vous plaît, laissez-moi un message à tout prix pour que je puisse au moins savoir qui m'a appelé et y répondre.

Quant à mon téléphone fixe, d'un joli bleu et accroché au mur, qui répond au numéro zéro deux cinq quatre deux quatre zéro cinq quatre cinq, eh bien je ne l'entends pas sonner si je suis en train de bêcher au fond de mon jardin potager. Moralité: laisser un message dans tous les cas de figures. Merci d'avance!

mercredi 23 mars 2011

12. EN NOUVELLE ZELANDE

En 1996 j'étais dans l'île sud de la Nouvelle Zélande travaillant à la cueillette des pommes, puis dans l'île nord comme bergère à la tonte de 2000 moutons. Je tenais un cahier où j'écrivais ma vie quotidienne sous forme d'une histoire fantaisiste, en compagnie de Li-Yane et Fadièse, une poupée et une flûte originaires de Chine.

Un jour j'ai pû enfin transcrire mes gribouillis sur un ordinateur et sauvegarder tout ça. Quelle ne fût pas ma surprise l'autre jour quand je m'aperçus que mes dossiers avaient été 'visités' et... barbouillés! Toutes les lettres avec accents ou cédilles avaient été remplacées par un code comme suit:
\'e0 = à
\'ea = ê
\'ee = î
\'e7 = ç
\'e8 = è
\'e9 = é
\'fb = û
\'f9 = ù
\'f4 = ô

Il s'agissait de documents Wordpad en '.doc' que je viens de retranscrire en '.txt' car étant moins accessibles à des visiteurs indésirables, semble-t-il. Je me demande si ce vandalisme était simplement pour me nuire ou bien pour me voler ce document. Question sans réponse pour le moment.

Voici ci-dessous un des documents barbouillés!

{\rtf1\ansi\ansicpg1252\deff0\deflang1033\deftab708{\fonttbl{\f0\froman\fprq2\fcharset0 Georgia;}}
{\colortbl ;\red0\green0\blue0;}
{\*\generator Msftedit 5.41.15.1515;}\viewkind4\uc1\pard\cf1\lang1036\f0\fs24 LI-YANE en Nouvelle Z\'e9lande\par
\par
CHAPITRE 2 - \b HAMILTON\b0 -\par
\par
Les conversations avec Philip avaient toujours \'e9t\'e9 houleuses. Il \'e9tait arriv\'e9 tardivement sur les lieux, avait plant\'e9 sa tente sur l'herbe devant la cuisine et avait entrepris de convaincre ELLE que l'agriculture biologique allait sauver l'humanit\'e9 de sa fin prochaine. ELLE, ne croyant ni dans la fin du monde imminente, ni dans l'agriculture biologique, manquant vite d'arguments dans ce duel d'id\'e9es. Surtout quand ce Gallois britannique insistait sur la culpabilit\'e9 ou l'incomp\'e9tence de la France dans tous les domaines.\par
\par
Dans la voiture qui les emmenait vers Auckland, ils continu\'e8rent \'e0 jouer du fleuret.\par
\par
- Arr\'eate! laisse-le dire... il va retrouver sa petite amie qui arrive d'Angleterre, \'e7a le calmera! disait Li-Yane en riant.\par
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"Oui bien s\'fbr. Et moi, pensait ELLE, qu'est-ce qui va me calmer ? Je pourrais bien passer la nuit avec ce Philip, \'e7a serait marrant !..."\par
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A l'arriv\'e9 du ferry \'e0 Wellington il faisait d\'e9j\'e0 sombre. Tout ce qu'ils visit\'e8rent fut la rue derri\'e8re l'auberge o\'f9 Philip essayait de garer la voiture pour la nuit. Sur le trottoir, Matt et ELLE virent passer d'\'e9tranges couples d'amoureux.\par
\par
"Des p\'e9d\'e9s", chuchota Matt en riant. On tol\'e9rait ces couples, par ici, au point de les marier et de les b\'e9nir officiellement. Dans la chambre de l'auberge, elle se trouva blottie dans son sac de couchage sur le petit lit du milieu entre celui de Matt, l'adolescent impatient de rentrer au bercail dans sa ville du nord, apr\'e8s un triste s\'e9jour dans l'\'eele sud; et celui de Philip qui ne cessait de maugr\'e9er qu'il faisait la b\'eatise de sa vie en allant rejoindre cette fille d'Angleterre \'e0 l'a\'e9roport d'Auckland. ELLE en voulait \'e0 tous les hommes de la terre, \'e0 LUI l'allumeur, \'e0 Matt, \'e0 Philip, et \'e0 ces hommes en bas dans la rue. Elle sombra rapidement dans un sommeil sans r\'eave.\par
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Au bout d'une longue journ\'e9e de voyage, le lendemain, ils se s\'e9par\'e8rent au milieu du Queen Street, en bons potes.\par
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A l'auberge d'Auckland, Li-Yane conseilla \'e0 ELLE de laisser Fadi\'e8se dans son bo\'eetier.\par
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- Avant d'\'eatre abandonn\'e9e sur une \'e9tag\'e8re \'e0 Motueka, raconta Li-Yane, Fadi\'e8se avait appartenu \'e0 un musicien de l'orchestre philharmonique n\'e9o-z\'e9landais. Il l'avait donn\'e9 \'e0 son cousin de Nelson un jour, c'est comme \'e7a que Fadi\'e8se avait \'e9chou\'e9 dans l'\'eele sud.\par
- Dis donc ! s'exclama ELLE, un musicien de l'orchestre philharmonique !! rien que \'e7a !\par
- Oui, ici \'e0 Auckland, justement.\par
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Dans la chambre de l'auberge, deux Allemandes discutaient des balades de la journ\'e9e. Fallait-il aller \'e0 Taupo ou bien monter sur Whangarei ? Les deux destinations avaient des attraits : Taupo, une coquette ville baln\'e9aire sur le bord du lac du m\'eame nom, se trouvait \'e0 quelques heures de car vers le sud; Whangarei, une petite ville portuaire principalement maori, \'e0 quelques heures vers le nord. Que faire ?\par
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ELLE avait envie de dormir toute la journ\'e9e. Elle \'e9coutait \'e0 peine Li-Yane continuer son histoire.\par
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- Quand elle appartenait au musicien, Fadi\'e8se avait travaill\'e9 \'e0 la pr\'e9paration d'un concerto pour fl\'fbte et hautbois, pour un concert... elle \'e9tait tomb\'e9e amoureuse du hautbois.\par
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Li-Yane s'arr\'eata de raconter. ELLE s'\'e9tait gliss\'e9e dans son sac de couchage de l'arm\'e9e fran\'e7aise et avait tir\'e9 la fermeture jusqu'au-dessus de sa t\'eate. Li-Yane l'entendit pleurer. D\'e9soeuvr\'e9e, et seule, elle finit par d\'e9cider d'aller explorer l'auberge dans tous ses recoins. En bas, dans la salle commune, des tas de gens de tas de pays diff\'e9rents circulaient, ou discutaient, ou pr\'e9paraient un repas dans une cuisine biscornue pleine de casseroles, tout au bout. Les Japonais ne firent pas attention \'e0 sa pr\'e9sence. Gigi, une femme noire, l'interpella et lui raconta qu'elle venait de Paris et \'e9tait en route pour l'\'eele sud.\par
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- Ah bon ! moi j'en viens, dit Li-Yane toute fi\'e8re, la travers\'e9e du d\'e9troit de Cook est un peu longue, il y a un marchand de falafels \'e0 Nelson et des tas de pommiers \'e0 Motueka...\par
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Gigi n'allait pas \'e0 Nelson pour cueillir des pommes, ni pour manger des falafels. Elle allait rejoindre Aaron qu'elle avait rencontr\'e9 en Australie et qu'elle aimait follement.\par
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Un matin, tout de m\'eame, ELLE sortit de son sac et entra\'eena Li-Yane vers le port. Elles tra\'een\'e8rent sur les pontons. Des milliers de voiliers somnolaient \'e0 quai, sous le Grand Pont qui enjambe la baie d'Auckland. Non, aucun voilier n'\'e9tait susceptible de faire route vers le nord-est, comme l'envisageait ELLE. Rien d'int\'e9ressant de ce c\'f4t\'e9-l\'e0. D\'e9cidant finalement qu'elle avait le temps de mettre les voiles, elle entra\'eena Li-Yane dans les rues du centre ville.\par
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Au retour \'e0 l'auberge, une affiche fra\'eeche offrait une place nourrie log\'e9e dans une ferme \'e0 moutons en \'e9change d'un coup de main pour la tonte d'automne. Le lendemain, ELLE \'e9tait \'e0 Hamilton, en bottes de caoutchouc, comptant des moutons.\par
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- C'est b\'eate d'avoir laiss\'e9 Fadi\'e8se \'e0 Auckland, dit Li-Yane le soir dans la chambre.\par
- Et l'appareil photos ! ajouta ELLE.\par
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Puis elle se tut.\par
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- C'est une dr\'f4le de pagaille ici, continuait Li-Yane, trouvant l'atmosph\'e8re frais, les gens distants et la maison pas belle.\par
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ELLE ne r\'e9pondant pas, Li-Yane se tut aussi.\par
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Le deuxi\'e8me jour, ELLE \'e9tait debout \'e0 six heures.\par
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- Passe par l\'e0 et lib\'e8re les chiens, lui avait dit Jim, le patron \'e9leveur de moutons, et rejoins-moi au hangar.\par
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Les trois chiens \'e9taient dans des petites cages sur pilotis, pr\'e8s d'un abri en demi-lune o\'f9 \'e9taient pendu des brides pour chevaux, \'e0 mi-chemin entre l'habitation et le hangar aux moutons. Ils s'\'e9lanc\'e8rent hors de leurs cages, fous d'impatience et de passion pour leur m\'e9tier de bergers. Elle les avait vu faire la veille, ob\'e9issant aux commandes de Jim pour rabattre les moutons et les faire aller o\'f9 il voulait.\par
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En descendant vers le hangar, ELLE salua une jument et un vieux poney plant\'e9s l\'e0 sur le chemin comme pour voir de plus pr\'e8s la nouvelle "sakado". Ils en voyaient passer des sakados, de toute esp\'e8ce, et de tout pays; ils restaient un temps, nourris, log\'e9s, travaillant aux moutons, puis reprenant leur route sans se retourner. La jument et le poney en avaient vu passer, des sakados! Ils pr\'e9f\'e9raient ne pas s'attacher, finalement, et les efforts de ELLE pour les caresser furent vains.\par
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- Reste l\'e0 jusqu'\'e0 mon retour, avait dit Jim.\par
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ELLE, plant\'e9e en sentinelle \'e0 la porte du hangar, observait les trois hommes courb\'e9s en deux sur leur mouton, soutenus par une ventri\'e8re accroch\'e9e \'e0 un ressort pendant d'une poutre, pour un peu plus de confort, ou un peu moins de mal aux reins. La radio \'e0 tue-t\'eate. Les tondeuses \'e0 fond. La laine qui tombait des tondeuses, \'e9tait pouss\'e9e par trois femmes \'e0 l'aide d'un balai raclette vers un quatri\'e8me homme qui la ramassait et l'enfournait dans un esp\'e8ce de tonneau carr\'e9. De temps en temps, il montait dans le tonneau et tassait la laine avec ses pieds. Technologie du si\'e8cle pr\'e9c\'e9dent. Poussi\'e8re et odeur des brebis parqu\'e9es sous le plancher attendant leur tour. Aucune panique chez les b\'eates; elles avaient l'air d'en avoir vu d'autres. C'\'e9tait la tonte d'automne. Moins de laine mais de meilleure qualit\'e9, avait dit le patron, et une fois tondues, comme elles ont froids, elles engraissent plus vite.\par
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- Prends cette moto et suis-moi, on va chercher les brebis qui restent dans le carr\'e9 du bas.\par
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La moto en question \'e9tait une quatre roues tout terrain, m\'e9tissage d'un cheval et d'une jeep. Ca se conduisait comme une mobylette. Jim en avait deux. Celle de ELLE n'avait pas de marche arri\'e8re. A un moment, elle passa trop pr\'e8s d'un poteau et y coin\'e7a sa roue arri\'e8re droite. Elle tira et poussa l'engin, puis mit les gaz pour rattraper le patron qui filait devant sans s'occuper des bosses ou des creux, ni des pentes de terrain. Il fallait ouvrir les barri\'e8res pour le passage du troupeau, encercler les brebis et les faire avancer vers le hangar. Les chiens courraient de tous leurs muscles.\par
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A la maison d'habitation, Li-Yane s'ennuyait terriblement. La grande chambre peinte en vert avec une grande fen\'eatre sur les collines pointues tr\'e8s vertes ne lui d\'e9plaisait pas, mais la maison toute enti\'e8re \'e9tait si froide, si nue, tellement pas jolie. C'est \'e7a, tellement pas jolie. C'est ce qu'elle raconterait \'e0 Fadi\'e8se quand elle la reverrait.\par
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Li-Yane avait fait la connaissance de Victoria, la femme de Jim, la veille, quand elle \'e9tait rentr\'e9e de son travail de bureau en ville. Longiligne, v\'eatue d'un regard sombre et sans chaleur, Victoria ne partageait pas la passion de Jim pour les moutons. Elle faisait les comptes d'une grande firme dans un bureau sans fen\'eatre, \'e0 Hamilton, toute la journ\'e9e, pendant que Jim courrait les collines sur sa moto tout terrain derri\'e8re les brebis. Ils avaient en commun trois petites filles, un piano, un ordinateur et des dettes. Beaucoup de dettes. Cette \'e9p\'e9e de Damocl\'e8s pesait sur tout ce qu'ils faisaient et disaient.\par
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Le repas du soir exp\'e9di\'e9 en quinze minutes, la famille s'\'e9parpilla dans les chambres et ELLE alla rejoindre Li-Yane dans la sienne.\par
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- Dommage d'avoir laiss\'e9 Fadi\'e8se \'e0 Auckland ! dit Li-Yane.\par
- Et l'appareil photos, ajouta ELLE.\par
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Elle avait froid. "Les maison dans ce pays sont construites en carton p\'e2te; pas foutus de les isoler de la temp\'e9rature ext\'e9rieure," pensait-elle agac\'e9e. Tapie dans son sac de couchage, elle laissa ses pens\'e9es s'\'e9vader jusqu'\'e0 Motueka. LUI y \'e9tait-il encore ? Le reverrait-elle un jour ? Elle se souvenait de son regard, de sa carrure, de ses cheveux, de ses mains.\par
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- Un jour, \'e0 la pause caf\'e9, il \'e9tait assis quelque part o\'f9 je ne pouvais pas voir sa t\'eate. Je regardais ses mains caresser sa tasse de caf\'e9... tu m'\'e9coutes Li-Yane ?\par
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La petite poup\'e9e s'\'e9tait endormie. Le grand air des collines d'Hamilton, sans doute. ELLE continua de se souvenir. Comme elle avait eu la sensation de lui appartenir. Comme il avait sembl\'e9 si possessif le jour o\'f9 Gary \'e9tait pass\'e9 en klaxonnant, sur la route longeant le verger, dans son camion d\'e9glingu\'e9. Gary stationnait toujours son vieux v\'e9hicule en haut derri\'e8re la cuisine pour \'eatre s\'fbr de pouvoir le d\'e9marrer dans la descente. Il occupait la chambre 5 adjacente \'e0 la cuisine et \'e9tait pote avec tout le monde. Elle se disait qu'elle ne supporterait pas qu'un homme lui fasse une sc\'e8ne quand elle en salue un autre en passant.\par
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Il lui fallait trouver des d\'e9fauts majeurs \'e0 LUI. Eliminer cette envie folle qu'elle avait de faire n'importe quoi pour le revoir.\par
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Le jour suivant, Li-Yane partit avec elle au hangar.\par
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En passant devant la jument, ELLE parla de la pluie et du beau temps et lui caressa l'encolure.\par
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- Elle est crado ! commenta Li-Yane.\par
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Le vieux poney riboula des yeux et secoua la t\'eate m\'e9chamment. Il \'e9tait jaloux et acari\'e2tre. Jim racontait qu'il avait d\'e9j\'e0 envoy\'e9 valser les petites filles plusieurs fois et qu'elles ne voulaient plus monter \'e0 cheval. La jument, par contre, \'e9tait une ancienne routi\'e8re, du temps qu'on travaillait les moutons \'e0 cheval. Il n'y avait pas si longtemps. Maintenant Jim ne jurait plus que par son "quad" tout terrain et \'e0 tout faire. A cheval il lui fallait trois jours pour faire le tour de sa propri\'e9t\'e9. En quad, plusieurs heures.\par
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Au hangar, les moutons tondus attendaient serr\'e9s dans les parcs. ELLE avait d\'e9cr\'e9t\'e9 qu'un bon berger guide ses moutons devant. Jim n'avait pas insist\'e9 sur la m\'e9thode, il lui faisait confiance, lui donnant les ordres de renvoyer tels moutons de tel parc dans tel pr\'e9. Elle effectuait son travail de berg\'e8re avec plaisir, ouvrant les barri\'e8res, fermant les barri\'e8res et marchant devant son troupeau de brebis tondues. Une fois ce lot achemin\'e9, elle revenait au hangar en chercher un autre.\par
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Jim donnait un coup de main au hangar en haut pour la fermeture des balles de laine et criait \'e0 ELLE les ordres de faire monter les brebis encore \'e0 tondre. Elle passait sous le plancher, ouvrait les barri\'e8res des enclos, criait des yo-o-o en gesticulant pour faire monter les brebis par un passage glissant. Une fois, elle apparut en haut derri\'e8re les brebis, enjambant les cloisons des enclos et ressortant \'e0 la porte o\'f9 les tondeurs prenaient les b\'eates \'e0 faire. Son arriv\'e9e par l\'e0 fit son petit effet. Elle lut un certain respect dans le regard des tondeurs. "Pas peur de la merde, hein ?" semblait \'eatre le message.\par
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A la pause caf\'e9, on buvait un boc de th\'e9 au lait avec un morceau de g\'e2teau, install\'e9 sur les balles de laine qui s'entassaient.\par
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Un jour, il n'y eut plus de moutons \'e0 tondre. Il en restait dans un parc qu'il fallait trier pour le camion de 7h le lendemain matin. Un lot d'agneaux partait aux ench\'e8res du march\'e9 aux moutons \'e0 Hamilton. Un lot de brebis pleines restait au hangar pour \'eatre \'e9chographi\'e9es.\par
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Le soir, dans la chambre verte, Li-Yane se faisait du souci pour Fadi\'e8se rest\'e9e \'e0 Auckland.\par
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ELLE se demandait s'il fallait vraiment prendre au s\'e9rieux cette histoire rocambolesque des amours d'une fl\'fbte et d'un hautbois. Toute la journ\'e9e, de son c\'f4t\'e9, elle avait essuy\'e9 les sarcasmes de Jim qui semblait prendre grand plaisir \'e0 d\'e9nigrer la France et les Fran\'e7ais.\par
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- Peut-\'eatre que quelqu'un va la voler, disait Li-Yane, ou bien elle va s'enfuir pour retrouver son hautbois de l'orchestre philharmonique !\par
- J'en ai marre d'entendre toutes ces histoires idiotes... disait ELLE.\par
- Mais... coupait Li-Yane.\par
- Sais-tu, Li-Yane, que les \'e9ruptions volcaniques et les tremblements de terre, la pollution atmosph\'e9rique, le cancer de la peau et le trou dans la couche d'ozone, c'est tout la faute de la France !! continua ELLE en riant, si! si! d\'e9monstration \'e0 l'appui... Mururoa, Tokyo et Taupo, \'e7a forme un triangle... ah! Li-Yane, un triangle, tu entends !\par
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Li-Yane ne suivait pas.\par
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- Mais c'est vrai qu'elle pourrait s'enfuir, continuait Li-Yane, elle m'a dit qu'elle ne voulait pas continuer \'e0 rester coinc\'e9e dans son bo\'eetier, et qu'elle en avait marre de faire des sol et des fa et de jouer "A ma claire fontaine".\par
- Elle a dit \'e7a ?\par
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ELLE r\'e9fl\'e9chit \'e0 la question. Elle avait adopt\'e9 la fl\'fbte parce qu'elle voulait pouvoir jouer de la musique tout en voyageant. Ca ne prenait pas de place et c'\'e9tait facile \'e0 transporter. Elle aimait le son de la fl\'fbte mais elle n'\'e9tait pas virtuose. Les moments et les endroits o\'f9 elle pouvait "travailler" son instrument s'av\'e9raient rares. Que fallait-il faire ? La revendre ? La renvoyer \'e0 Motueka ? Li-Yane ne supporterait pas de s'en s\'e9parer. Elle se promit de jouer de sa fl\'fbte plus souvent.\par
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Tr\'e8s t\'f4t le lendemain, les agneaux pour Hamilton s'embarqu\'e8rent sur un grand camion bleu \'e0 deux \'e9tages. Les chiens s'occup\'e8rent de faire avancer les moutons sur une rampe en bois construite \'e0 cet effet. Le chauffeur du camion odorant et b\'ealant comptait les b\'eates \'e0 mesure qu'elles entraient une \'e0 une dans le camion. Le compte \'e9tait plus s\'fbr de cette fa\'e7on, les essais de la veille dans les parcs n'ayant jamais donn\'e9 le m\'eame chiffre.\par
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Sur le champ de foire d'Hamilton ce matin-l\'e0, les enclos regorgeaient de moutons. Les commissaires priseurs perch\'e9s sur une planche qui faisait chemin de ronde au-dessus des enclos, haranguait une foule de fermiers en bottes de caoutchouc, chemises \'e0 carreaux et chapeaux de cuir. Certains portaient le cir\'e9 marron \'e0 empi\'e8cement d'\'e9paules qui faisait fureur dans la r\'e9gion. C'\'e9tait un vrai cir\'e9 qu'il fallait enduire r\'e9guli\'e8rement d'un produit gras pour lui conserver son imperm\'e9abilit\'e9. ELLE avait voulu s'en acheter un. Ils \'e9taient chers et lourds. Elle \'e9tait ressortie de la coop\'e9rative sans cir\'e9, mais avec un exemplaire d'une cha\'eene de fermeture des barri\'e8res. Un syst\'e8me super simple et efficace, pensait-elle, qui pourrait lui servir dans son village de France, un jour.\par
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La tension montait entre Jim et ELLE. Li-Yane s'en \'e9tait aper\'e7ue et s'en ouvrit \'e0 ELLE,le soir dans la chambre verte.\par
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- M\'eame les filles s'en sont rendu compte, dit Li-Yane, commentant l'incident o\'f9 elles avaient fait front refusant d'apporter une bassine \'e0 ELLE \'e0 la porte pour lui \'e9viter d'enlever ses bottes, alors qu'elle allait \'e9tendre du linge. "Esp\'e8ce de faignante!" avaient-elles lanc\'e9 en ricanant.\par
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ELLE s'\'e9tait d\'e9chauss\'e9, avait \'e9t\'e9 chercher la bassine, s'\'e9tait rechauss\'e9e et \'e9tait partie \'e9tendre le linge. Jim avait puni les filles dans leur chambre pour manque de coop\'e9ration.\par
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- Mais \'e7a n'\'e9tait pas pour \'e7a, dit Li-Yane.\par
- Non, ce n'est pas pour \'e7a, commenta ELLE, lucide, soit elles sont jalouses que je passe autant de temps avec leur p\'e8re, soit leur m\'e8re leur raconte que je suis la m\'e9chante Fran\'e7aise qui va lui voler leur p\'e8re.\par
- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Li-Yane qui envisageait avec bonheur le retour \'e0 Auckland.\par
- On s'en va, d\'e8s que le gros du travail est fait...\par
- Youpi! s'exclama Li-Yane.\par
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Il restait les brebis pleines \'e0 passer \'e0 l'\'e9chographe pour savoir sur combien d'agneaux on pouvait compter, et quand.\par
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Le dimanche matin, Jim et ELLE attendaient au hangar. L'\'e9chographiste n'\'e9tait pas v\'e9t\'e9rinaire, il poss\'e9dait l'\'e9quipement n\'e9cessaire et le savoir-faire. Il se d\'e9rangeait le dimanche. Les brebis n'auraient pas tenu un jour de plus sans manger. Elles stationnaient dans les parcs et les enclos depuis le d\'e9but de la tonte d\'e9j\'e0. Certaines \'e9taient malades. Jim en avait \'e9gorg\'e9 deux qu'il avait laiss\'e9es sur une remorque. Difficile de savoir pourquoi elles \'e9taient malades. Le v\'e9t\'e9rinaire co\'fbtait trop cher.\par
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L'\'e9chographiste arriva, mit son mat\'e9riel en place et le travail commen\'e7a. ELLE, un compteur en main, devait rester post\'e9e de l'autre c\'f4t\'e9 de la machine o\'f9 les brebis \'e9taient immobilis\'e9es quelques secondes, le temps que l'\'e9chographiste leur enfourne le bras dans le vagin avec un lecteur de sons en forme de p\'e9nis de b\'e9lier.\par
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Les plaisanteries grasses sur les b\'e9liers qui les avaient engross\'e9es, allaient bon train, quelque peu temp\'e9r\'e9es, se disait ELLE, par sa pr\'e9sence. Le ton \'e9tait franchement misogyne, \'e9logieux des m\'e2les ovins tout puissants avec lesquels les hommes du hangar semblaient s'identifier.\par
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Un voisin \'e9tait venu donner un coup de main. Jim poussait les brebis des enclos dans un couloir \'e9troit, le voisin les poussait dans la machine. Les brebis tondues et \'e9chographi\'e9es s'entassaient dans l'enclos du bout, maintenant tr\'e8s boueux et couvert d'urine stagnante. ELLE, de temps en temps, traversait cet enclos et allait en ouvrir la barri\'e8re. Les brebis s'engouffraient dans le passage pour se ruer sur l'herbe du talus d'en face.\par
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Au bout de plusieurs heures, le travail fut fait. Le taux de brebis rest\'e9es st\'e9riles \'e9tait satisfaisant et le nombre d'agneaux \'e0 na\'eetre d'ici le printemps, de quoi r\'e9jouir le patron. Les 1500 b\'eates \'e9parpill\'e9es sur le talus autour du hangar allaient rejoindre leur pr\'e9, \'e0 plusieurs kilom\'e8tres de l\'e0. Deux quads, trois chiens, trois personnes et plusieurs heures plus tard, elles \'e9taient laiss\'e9es \'e0 brouter sur plusieurs hectares de mauvais p\'e2turages. Jim et ELLE \'e9taient rentr\'e9s \'e0 la maison, harass\'e9s.\par
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- 6% d'\'e9chec, avait-il dit \'e0 sa femme qui savait compter, \'e7a aurait pu \'eatre pire.\par
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Le lundi matin, t\'f4t d\'e9j\'e0, Li-Yane commen\'e7ait ses litanies sur les dangers d'avoir laiss\'e9 Fadi\'e8se \'e0 Auckland.\par
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- Tu viens avec moi ? demanda ELLE pour couper court aux j\'e9r\'e9miades.\par
- On fait quoi ? demanda Li-Yane.\par
- On fait quoi aujourd'hui ? demanda ELLE \'e0 Jim, passant sa t\'eate dans le couloir.\par
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Il \'e9tait dans la cuisine en train de pr\'e9parer du porridge.\par
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- On fait le tour des limites et l'inspection des barri\'e8res... Avant la tonte, le d\'e9luge a fait d\'e9border le creek, il y a s\'fbrement des d\'e9g\'e2ts! cria Jim depuis la cuisine.\par
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Li-Yane hocha oui, qu'elle venait aussi.\par
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Faire les limites sur une propri\'e9t\'e9 de plusieurs centaines d'hectares, par monts et par vaux, prit la journ\'e9e. Assise sur les barres \'e0 l'arri\'e8re gauche du quad de Jim, les deux pieds cal\'e9s comme elle pouvait pour ne pas g\'eaner les changements de vitesse du pied gauche de Jim, ELLE se trouva propuls\'e9e \'e0 toute allure sur les chaotiques sentiers caillouteux qui suivaient grosso modo les limites de la ferme. Ouvrir les barri\'e8res, fermer les barri\'e8res. Jim prenait des raccourcis, fon\'e7ait, descendait les pentes \'e0 pic, traversait des gu\'e9s en quatri\'e8me vitesse l\'e0 o\'f9 un cheval s'y serait pris par deux fois. "Le quad ne pouvait qu'adh\'e9rer au sol", se disait ELLE pour se rassurer, "\'e7a ne se renverse donc pas, ces trucs-l\'e0 ?" Elle ne se pr\'e9occupait m\'eame plus de savoir si Li-Yane \'e9tait toujours dans sa poche.\par
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La pluie torrentielle avait emport\'e9 une partie des poteaux et des barbel\'e9s du c\'f4t\'e9 du mar\'e9cage, mais il n'y avait pas de vaches embourb\'e9es comme avait pr\'e9tendu un voisin. Une vingtaine de moutons avaient \'e9chapp\'e9 \'e0 la tonte, des durs \'e0 cuire qui savaient leurrer les bergers, et courraient libres hors de leur p\'e2turage assign\'e9. On viendrait les chercher un autre jour, avec les chiens. Du chemin des cr\'eates, on pouvait voir Hamilton tout au loin. Jim et ELLE s'arr\'eat\'e8rent un instant pour admirer la vue.\par
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La tonte finie, les palissades inspect\'e9es, il restait \'e0 retourner la jument \'e0 son propri\'e9taire, quelque part dans le district de Waikato. Elle avait \'e9t\'e9 pr\'eat\'e9e. Le propri\'e9taire avait demand\'e9 \'e0 Jim de la lui ramener avant qu'elle n'ait son poulain.\par
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Le dernier jour, Li-Yane ne tenait pas en place. Elle d\'e9testait cette maison glaciale, pas vraiment faite pour une poup\'e9e de Chine, amie d'une fl\'fbte.\tab\par
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- Tu peux aller au hangar toute seule, je reste ici aujourd'hui, dit-elle \'e0 ELLE le matin quand Jim tapa \'e0 la porte.\par
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Les moutons, les chiens ou les chevaux, rien ne l'int\'e9ressait plus. Elle se barricada dans la chambre, voulant \'e9viter \'e0 tout prix de revoir Victoria qui, d'apr\'e8s elle, aurait facilement br\'fbler la poup\'e9e sans jugement.\par
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Bref, il restait \'e0 retourner la jument \'e0 son propri\'e9taire. Jim avait pass\'e9 plusieurs coups de fil pour essayer de louer au meilleur prix un van pour la transporter. Avant de monter en voiture, il avait dit \'e0 ELLE :\par
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- Tu trouveras sa bride dans l'abri en demi-lune, l\'e0 o\'f9 est la paille. C'est la bleue. Essaie de la lui passer. A tout \'e0 l'heure.\par
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ELLE trouva la bride. Les rennes \'e9taient en nylon bleu us\'e9. "Il y a un bout de temps que je n'ai pas pass\'e9 la bride \'e0 un \'e9quid\'e9" se disait-elle, "heureusement que Li-Yane est rest\'e9e \'e0 la maison, \'e7a se passera sans t\'e9moin !"\par
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Au fil des jours, elle avait quand m\'eame r\'e9ussi \'e0 amadouer les deux quadrup\'e8des. Le poney jaloux et acari\'e2tre ne se laissait toujours pas approcher, mais il suivait la jument quand celle-ci venait vers ELLE. Perch\'e9e sur une palissade en bois, elle s'\'e9tait acharn\'e9e \'e0 appeler la jument par son nom jusqu'\'e0 ce qu'elle d\'e9cide de son plein gr\'e9 de venir se faire caresser l'encolure. Les relations n'avaient pas \'e9t\'e9 plus loin.\par
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Ce matin, ELLE se dirigea vers la jument, le mors dans la main gauche, d'un pas ferme, tout en causant m\'e9t\'e9orologie d'une voix rassurante. La jument d\'e9tourna la t\'eate quand ELLE lui pr\'e9senta le mors et fit un pas de c\'f4t\'e9. Pas plus. ELLE suivit son mouvement et recommen\'e7a. La difficult\'e9 se trouvait dans le fait que la main droite de ELLE n'arrivait \'e0 la hauteur des oreilles de la jument que si ELLE se mettait sur la pointe des pieds, ou bien, si la jument consentait \'e0 baisser la t\'eate pour se faire passer la bride. Or, la jument levait la t\'eate. Juste pour dire. Alors ELLE lui passa les rennes par-dessus l'encolure et, le mors toujours dans la main gauche, conduisit ainsi la jument vers un d\'e9nivel\'e9 de terrain plus favorable. Son pas \'e9tait ferme et sa voix rassurante. Cette fois, \'e0 la bonne hauteur, la jument ne broncha plus et se laissa faire. Les mains de ELLE tremblaient... elle venait de passer la bride \'e0 l'envers.\par
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- Oh zut !... excuse-moi ! attends un peu ! l\'e0, ne bouge pas... comme \'e7a... voil\'e0... c'est \'e7a, c'est \'e7a...\par
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La brave b\'eate baissait la t\'eate par commis\'e9ration sans doute. La jugulaire attach\'e9e, ELLE prit les rennes par devant et conduisit la jument au hangar. Le m\'e9chant poney suivait. Au moment de passer la barri\'e8re pour aller de l'autre c\'f4t\'e9 du hangar, il voulut passer aussi. ELLE lui dit d'aller pa\'eetre et lui referma la barri\'e8re au nez. Il se mit \'e0 hennir en protestation. Les deux b\'eates n'avaient pas \'e9t\'e9 s\'e9par\'e9es depuis des lustres et se sentaient nerveuses. La jument aux aguets, soufflant des narines abondamment, suivit ELLE avec confiance mais au bord de la panique. ELLE marchait \'e0 la hauteur de sa t\'eate, tenant les rennes serr\'e9es sous la m\'e2choire de la main droite, et l'autre bout des rennes de la main gauche.\par
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Quand elles arriv\'e8rent \'e0 la barri\'e8re ext\'e9rieure, la derni\'e8re avant la route, ELLE arr\'eata la b\'eate et s'appuya contre elle en essayant de la rassurer. La jument levait la t\'eate par \'e0-coups, les oreilles en girouette, et r\'e9pondant aux hennissements lointains du poney. La jument ne se calmait pas. ELLE revint sur ses pas, s'assit sur un talus herbeux devant la b\'eate, et tenant les rennes du bout des doigts comme pour dire, entreprit de convaincre le quadrup\'e8de qu'il n'y avait rien \'e0 craindre, qu'elle se retrouverait bient\'f4t \'e0 sa ferme d'origine, qu'elle allait y retrouver de vieux copain, et c\'e6tera.\par
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La jument enfin se calma et se mit \'e0 brouter diligemment.\par
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ELLE sentit alors qu'elle avait gagn\'e9 la confiance totale de l'animal. Et quand Jim arriva avec le van, c'est tout naturellement qu'elles se dirig\'e8rent vers la barri\'e8re ext\'e9rieure, les rennes entre elles tra\'eenant par-terre.\par
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- Ram\'e8ne-la au hangar, dit-il surpris, le temps que j'attache des cordes du van aux poteaux, avant d'ouvrir la barri\'e8re, pour l'emp\'eacher de s'enfuir.\par
- Il n'y a pas besoin, elle va monter dans le van sans probl\'e8me, dit ELLE \'e0 son tour surprise de tant de pr\'e9cautions.\par
- Vas attendre au hangar, je te dis.\par
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Les pr\'e9cautions de Jim furent vaines. La jument embo\'eeta le pas de ELLE en grande confiance. Juste au milieu de la passerelle, elle s'arr\'eata, dans un \'e9clair de doute.\par
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- Allez ma vieille ! dit ELLE qui \'e9tait d\'e9j\'e0 dans le van, c'est confortable ici, fais deux pas de plus!\par
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Et la jument monta dans le van. ELLE rendit les rennes \'e0 Jim.\par
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Le soir tard, quand ELLE raconta son histoire \'e0 Li-Yane, une \'e9motion \'e9trange la submergea.\par
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- Quand ils la mirent dans un carr\'e9 boueux et crott\'e9, sans un poil d'herbe, ni un autre cheval en vue, elle s'est mise \'e0 hennir path\'e9tiquement. C'\'e9tait pour moi, Li-Yane, comme pour me dire: "tu m'as eue, tu m'as bien eue". Elle m'avait suivie avec tant de confiance, tu comprends, elle se retrouvait dans ce machin, toute seule... et je faisais semblant de ne pas la conna\'eetre.\par
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Silence. Li-Yane compatissait. C'\'e9tait vache. Non, c'\'e9tait jument, ha! ha! ha!... ELLE encha\'eena.\par
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- Je me souviens avoir lu dans un roman une fois, une description vivide d'un cavalier qui ma\'eetrisait sa monture \'e0 un passage \'e0 niveau, alors qu'un train d\'e9boulait dans un fracas d'enfer. L'auteur avait compar\'e9 le cavalier \'e0 un dieu qui exigeait l'ob\'e9issance de la b\'eate. Une relation de confiance devait \'eatre \'e9tablie entre eux. L'animal ainsi dompt\'e9 surpassait de loin l'animal sauvage facilement effarouch\'e9... Et si c'\'e9tait le type de relation qu'entretient Dieu avec ses cr\'e9atures ? Hein, Li-Yane ?\par
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Apr\'e8s un long silence, ELLE avait conclu :\par
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- Dieu peut sans doute nous emmener dans un carr\'e9 crott\'e9 et nous y laisser tomber.\par
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Ce soir-l\'e0 \'e0 la ferme, c'\'e9taient deux Danoises sakados qui avaient pr\'e9par\'e9 le d\'eener. Elles allaient remplacer ELLE qui quittait le lendemain matin. Elles avaient cuisin\'e9 un all\'e9chant plat de lasagnes pour huit personnes qui tr\'f4nait au milieu de la table. La louche allait bon train, la Danoise ne l\'e9sinait pas sur les portions.\par
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- Je n'en veux pas, dit une des petites filles faisant la moue apr\'e8s y avoir touch\'e9 du bout de la fourchette.\par
- Moi non plus, encha\'eena la seconde.\par
- C'est caca, d\'e9go\'fbtant, berk ! continua la plus petite repoussant son \par
assiette.\par
- Tu n'es pas oblig\'e9e d'en manger, ch\'e9rie, dit la m\'e8re d'un air entendu.\par
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Les portions des filles all\'e8rent, encore chaudes, \'e0 la poubelle. Le reste du plat aussi. ELLE se retint pour ne pas quitter cette maisonn\'e9e sur le champ. Apr\'e8s avoir aval\'e9 les lasagnes succulentes la gorge serr\'e9e, elle s'excusa pour aller rejoindre Li-Yane et lui raconter sa m\'e9saventure avec la jument.\par
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FIN du CHAPITRE 2 de LI-YANE en Nouvelle Z\'e9lande\par
copyright Frankie P\'e9russault\par
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vendredi 18 mars 2011

11. La Terre tremble

En février un violent tremblement de terre a détruit la ville de Christchurch sur la côte Pacifique de l'île Sud de la Nouvelle Zélande. En mars un encore plus violent tremblement de terre a détruit une grande partie de la côte Pacifique du Japon. Si la théorie des dominos s'appliquent aux plaques tectoniques, il faut s'attendre à ce que la terre tremble à nouveau au Chili et sans doute aussi en Californie.

Notre planète est vivante. La croûte de sa surface a toujours bougé, tremblé, glissé sur cette masse visqueuse sur laquelle on vit. Ce  n'est pas nouveau. Imaginons une seconde la secousse que ça a dû être quand l'Himalaya s'est plissé comme du papier froissé sous la poussée de la plaque tectonique du sous-continent indien. Il n'y avait pas d'humains sur la terre à l'époque. Mais maintenant, si une chose pareille devait se reproduire... que pourrions-nous faire?

Des gens bien intentionnés vont encore se mettre à prédire la fin du monde. Gardons-nous bien d'anticiper trop vite! La fin de cette planète est programmée pour le jour où notre soleil serra mourrant, dans quelques millions d'années. On va continuer de tourner comme une toupie et autour du soleil pour encore un bout de temps, que la terre tremble ou pas. 'On a tous le même soleil'... certes, pour le meilleur et pour le pire! Et d'ici là, des grappes d'humains auront essaimés vers d'autres planètes dans la galaxie... mais si!

J'ai vécu 2 ans dans les années 90 en Nouvelle-Zélande où j'ai partagé ma vie avec des Néozélandais et des Japonais. Je pense à eux.

10. LE PAPA DU PETIT JESUS

- Tu sais, Compère, l'autre jour tu parlais du papa adoptif d'un jeune homme conçu dans une éprouvette du sperme d'un quidam...
- Oui Commère, et qu'on interdit à ce pauvre garçon de connaître son père génétique. Quel tas de mensonges!
- Comment ça?
- Eh bien, on fait semblant de croire que l'héritage génétique, c'est rien du tout. De mon point de vue, Commère, c'est une régression de civilisation. Les peuplades primitives trouvées par les Européens dans les siècles précédents n'avaient pas fait le lien entre l'acte sexué et l'appartenance à une 'famille'. Sauf les peuples pasteurs, bien sûr, qui avaient vu faire leur bétail. Un veau n'a pas de papa adoptif!...
- Ah ah ah ah! LOL!
- ...mais il a des tas de caractéristiques du taureau qui est son père. Nous avons tous un patrimoine génétique certain et sûr et même traçable maintenant par l'analyse de notre ADN.
- Ah ben, Compère, il n'a qu'à se faire 'adénisé', le jeune gars Arthur de l'autre jour. Il pourra comme ça retrouver son géniteur... sans vexer son papa adoptif. Parce que c'est peut-être ça, le problème. Son papa adoptif l'a élévé, l'a nourri, l'a choyé, aimé, éduqué. Il lui a transmis un patrimoine culturel et social.
- Oui mais il ne lui a pas transmis son patrimoine génétique. Beaucoup plus indélébile qu'un patrimoine culturel.
- Compère, que dis-tu? Indélébile!!! Tu veux dire que ce qu'on apprend, ça peut s'éffacer mais que le tempérament qu'on a, ça ne s'efface jamais.
- Oui Commère, c'est ce que je veux dire. Nous sommes 'codés' à la naissance par les gènes de nos père et mère. L'éducation là-dessus n'est qu'un vernis plus ou moins épais, qui s'effrite à la moindre intempérie de la vie.
- C'est sans doute pour ça que le petit Jésus n'est jamais devenu charpentier.
- Commère, tu me fais rire!
- Dans les évangiles, on donne le lignage paternel de Jésus par Joseph qu'on fait remonter jusqu'au roi David. C'est pour ça que certains contemporains de Jésus l'appelle 'fils de David'. Dans ce cas, Joseph serait le vrai père de Jésus. Or, Compère, tu me suis, il se donne comme étant le fils de Dieu en personne.
- Tu me l'as déjà dit. Tu y crois, toi, à cette histoire?
- Ben non, Compère, ben non. Je n'y ai jamais cru. Le papa du petit Jésus est bien Joseph de Nazareth. On ne connaît rien de sa vie à lui, Joseph. Jésus n'en parle jamais, n'en pipe pas un seul mot. Il ne fait jamais référence à son papa. Pourquoi d'après toi?
- Aucune idée, Commère.
- Il devait être plus vieux que sa femme, peut-être d'une vingtaine d'années, car il était déjà mort quand Jésus a été mis en croix. C'est une dame mélanésienne qui m'a dit ça un jour. Elle m'a fait comprendre que Joseph devait être déjà mort car Jésus sur la croix a confié sa mère à Jean, un apôtre. Il n'aurait pas eu besoin de faire ça si Joseph était encore vivant à ce moment-là.
- Ah oui... Mais si Joseph est son papa, il reste quand même que ce n'est peut-être pas son père...
- Là, Compère, c'est toi qui blasphèmes!


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C'EST QUAND MÊME BIZARRE

 Oui c'est bizarre. Il faut que je raconte ce qui m'arrive. Dimanche dernier le 24 janvier 2021 je me réveille avec une fièvre de ch...