jeudi 21 juin 2012
33. La génération clubmed
En fait, ça a commencé à ma génération, la nouvelle vague rock'n-roll Johnny, après la guerre, voilà plus d'un demi-siècle maintenant. On arrive au bout de cette logique aujourd'hui. Je veux parler de l'idée qu'on se fait de l'avenir de nos enfants.
Il fut un temps, depuis Cromagnon jusqu'à la 2e guerre mondiale, où les grands-parents et les parents choyaient et éduquaient leurs enfants pour qu'ils les remplacent. On les intégrait et on les initiait depuis tout petit à la vie de la famille dans tous ses aspects, c'est-à-dire à la reproduction de la production... comme on dit dans certains manuels d'anthropologie!
Et puis, au milieu du 20e siècle, ce système-là s'est cassé. On s'est mis à penser que les petits qu'on faisait allaient avoir un tout autre destin. Qu'on n'allait pas les initier ou les forcer à quoi que ce soit. Qu'ils allaient trouver leur propre voie dans la vie. Qu'ils s'en sortiraient mieux et qu'ils iraient plus haut. Et qu'il fallait, pour se faire, qu'ils aillent à l'école et y restent jusqu'à... 25 ans! On s'est mis à rêver que tous nos enfants allaient être médecins, docteurs, ingénieurs, grands messieurs à cravate et à escarpins pointus. Et les filles?... on n'allait plus les marrier. Elles allaient faire "des études".
C'est comme ça que j'ai cru un temps (l'ai-je cru vraiment?) que si j'avais de bonnes notes en latin, je m'en sortirai bien dans la vie. Alors je m'efforçais d'avoir de bonnes notes en version et en thème, en latin et en allemand. On ne m'a jamais parlé de 'gagner' ma vie. C'était quasi automatique, une bonne note en latin et mon avenir était assuré... ça restait flou, plus que flou, mais c'était sûr. C'est pourquoi on ne m'a pas intégré à la vie de la famille. Quand je demandais comment on se sert du lave-linge, ma mère répondait énigmatique: tu apprendras bien assez tôt, va faire tes devoirs! Elle voulait bien qu'on essuie la vaiselle mais ne m'en a jamais confié la responsabilité disant: va faire tes gammes au piano. Mes parents étaient des entrepreneurs-nés qui avaient créé et faisaient tourner une usine de fabrication de pantoufles, employant une centaine d'ouvriers. Jamais on ne m'a montré comment gérer une telle entreprise. Comme si je n'étais pas de la famille, de ce milieu, comme si j'étais une nouvelle espèce d'humanoïde.
Mais, étant la première génération appliquée à cette mythologie-là, j'avais quand même sous les yeux des gens de tout âge qui travaillaient, qui s'occupaient, qui faisaient, fabriquaient, ciraient, tricotaient, arpentaient les champs, les bois, les rangées de machines... bref, je n'avais sous les yeux que des gens actifs.
Ceux qui vont à l'école jusqu'à 25 ans, de nos jours, n'ont pas eu sous leurs yeux ce modèle de peuple actif et fabriquant son avenir. Ils semblent vraiment croire qu'une bonne note en... maths leur assure une vie confortable, le gîte et le couvert et que le reste leur est dû.
S'il vous plaît, arrêtons ce cirque! Nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis.
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