Je reviens d'une semaine de stage de 'tapisserie à l'aiguille' à Aubusson. La tapisserie à l'aiguille, c'est ce qu'on fait avec une aiguille et de la laine sur un canevas, comme faisait ma grand-mère, sauf que maintenant c'est moi la grand-mère et qu'on ne dit plus faire du canevas parce que ça fait plouc. On n'arrête pas le progrès!
A Aubusson on vit englué dans le passé ignorant volontairement tous les progrès techniques qui ont eu lieu depuis les années 1600. Il faut que tout soit fait à la main, jugeant avec dédain tout changement depuis l'invention de l'aiguille et du canevas. Mais bon, j'y suis allée parce que je voulais justement connaître ces techniques ancestrales pour pouvoir les pratiquer et les transmettre à mon tour à ma petite-fille. Le stage organisé par l'association 'Lainamac' était piloté par Madame Véronique de Luna qui a elle-même une école de tapisserie à l'aiguille à Paris.
de gauche à droite: Géraldine et Véronique |
Ayant une formation d'ethnologue, j'ai une sainte horreur des questionnaires qui vont servir à évaluer une activité humaine statistiquement. Pour l'ingénirie et la maîtrise de la société, on quantifie tout et n'importe quoi et on est persuadé qu'avec des statistiques, on a tout compris. Cette façon de voir les choses n'est pas celle d'un/une ethnologue. Je vais donc essayer d'"évaluer" le stage que je viens de suivre, à la mode de chez nous!
1) Quand, en début d'années, j'ai voulu voir où et comment je pouvais apprendre à faire du canevas, j'ai tapé 'tapisserie' ou 'canevas' sur google et j'ai tout de suite trouvé les stages de Véronique de Luna dans le 13e arrondissement à Paris. En cherchant plus loin, j'ai vu que cette dame avait prévu d'enseigner en juillet et août à Aubusson, donc plus près de chez moi et dans le haut-lieu de la tapisserie sur métier à tisser. L'aubaine: faire un stage au canevas et revoir les tapisseries d'Aubusson que j'avais visité en... 1972, (quand on est grand-mère, on compte en décennies) voilà donc 4 décennies. Le coût, en y ajoutant l'hébergement, frisait les mille euros, mais j'étais prête à un grand sacrifice. Je me suis donc inscrite en ligne.
De fil en aiguille :-)) les choses se sont sans cesse compliquées. Au bout d'un moment je ne savais plus qui faisait quoi et à qui il fallait s'adresser. J'en étais à tout annuler quand quelqu'un m'a annoncé au téléphone que le prix avait diminué de moitié. Bon, on continue. Mais j'ai trouvé l'organisation de ce stage tout à fait farfelue.
2) Faire du canevas n'est pas sorcier, tout le monde vous le dira, mais je ne voulais pas me lancer sans avoir consulté une experte en la matière. Je suis très bien tombée en ayant Véronique de Luna comme guide. En cinq journées j'ai pu acquérir les bases et revenir chez moi avec un canevas entamé à finir au long de cet hiver, la laine qui va avec, les aiguilles et quelques bons conseils. Cet enseignement a été très satisfaisant, à la fois stricte et complet. Je vais pouvoir continuer toute seule maintenant.
3) Etant au niveau débutant, l'important pour moi était la technique: je voulais savoir comment on tient le canevas, comment on pique l'aiguille, quel point on emploie. Or, à cela, dans ce stage, s'est ajouté une thématique: on allait parler de botanique. Bon d'accord. Un thème pour quoi faire? Certes, le canevas sur lequel on allait travailler était une feuille stylisée. De mon côté j'avais apporté un dessin de papillon et je voulais savoir s'il pouvait être reproduit sur canevas, mais j'aurais tout aussi bien pu apporter la photo d'un dinosaure ou d'un clair de lune à St Civran! Peu m'importait le sujet du canevas, je voulais savoir comment on faisait et l'ajout d'une thématique m'est apparu comme un cheveu sur la soupe. L'activité annexe sur ce thème étant d'aller randonner dans la brousse par un apès-midi de canicule, j'ai décliné cette offre d'activité qui m'a paru inadaptée.
4) En dehors du travail sur canevas, une visite guidée du musée de la tapisserie a eu lieu le lundi soir et celle d'un chateau voisin le mardi soir. Dans les deux cas j'ai vraiment eu l'impression d'être priviligée car, pour nous stagiaires, les guides respectifs se sont surpassés. Catherine, dans le cas du musée, nous a fait vivre une exposition de tapisserie de l'année 1925 en racontant la petite et la grande histoire de chaque pièce, en y ajoutant aussi les anecdotes rocambolesques de leur acquisition ou de leur mise en place dans le musée, visite suivie d'un petit apéritif dinatoire pour VIP! Dans le cas du chateau, le proprétaire n'a pas économisé sa peine pour nous faire parcourir les siècles au gré des étages et des tapisseries diverses et variées accrochées au mur. J'ai beaucoup apprécié ces deux visites, le seul problème étant qu'elles avaient été programmé en plus des heures de cours. De ce fait, le lundi, le premier jour, étant partie de chez moi vers 6h30, je me suis trouvée à rentrer à la chambre d'hôte que j'avais louée vers 10h du soir, après une journée de canicule éprouvante et bien remplie. Le lendemain pareil. J'ai craqué le mercredi! et j'ai décliné toutes les autres offres de visite. C'était tout à fait excessif.
5) Le stage comptait 9 stagiaires et j'ai trouvé que c'était parfait car les différents niveaux des unes et des autres permettait de donner une idée de ce que peut être la tapisserie à l'aiguille dans son ensemble. Nous étions 4 débutantes et les autres 5 'brodeuses' avaient des niveaux et des objectifs différents. La formatrice ne m'a jamais donné l'impression qu'elle ne s'occupait pas de moi. De plus, le local était immense et chacune avait l'espace necessaire pour travailler librement tout en écoutant les conseils donnés aux autres ici et là.
6) A part son côté spacieux, ce local, l'ancienne Ecole Nationale Supérieure d'Art (ENSA) à Aubusson, m'est apparu complètement inadapté. Là, si je ne me retiens pas, je vais dire des méchancetés!... froid, impersonnel, sans personalité, ringard, pas isolé, laid, j'aurais cru qu'il s'agissait d'anciens abattoirs. Bon j'arrête!
7) Le stage prévoyait 3 déjeuners sur place. En fin de compte tous les déjeuners ont été pris sur place c'est-à-dire dans une de ces grandes salles dudit local décrit ci-dessus, sur des tables en formica, avec des assiettes en cartons et des verres en plastique. C'était mieux que rien, mais chaque repas étant compté 8€, j'aurais aimé trouvé plus de chaleur et de convivialité à la française, avec pichet de vin et bon fromage, de temps en temps, dans de vrais assiettes et de vrais verres. J'ai été très étonnée d'un tel arrangement. Pour mon compte je préfère déjeuner sur place. Mais j'aimerais franchement être libre l'après-midi, en vacances, libre de me promener ou de faire la sieste par temps de canicule, par exemple. Ce que j'aimerais vraiment, c'est travailler au canevas depuis tôt le matin quand il fait frais et finir par un bon repas convivial avec les autres à midi quelque part, puis être libre le reste du temps. Je n'aime pas être 'organisée' :-(
8) Le stage incluait 3 déjeuners, un buffet, un dîner, 3 visites et une initiation botanique. Oui, j'aurais préféré payer un stage 'brut' avec la possibilité d'une demi-pension prépayée (les déjeuners), quelque part en ville avec les autres... et les après-midi libres.
9) J'ai voulu effectuer ce stage pour apprendre comment on fait. Pas besoin de thématique pour moi. La seule suggestion, peut-être, serait de pouvoir visionner quelques films, documentaires ou autres, sur le sujet. Nous sommes les derniers des mohicans en la matière! C'est peut-être ça la vraie thématique!
10) L'hébergement que j'avais retenu depuis le mois de mars en chambre d'hôte a été parfait. Pour le reste je regrette un peu le manque général de ponctualité, à la fois des stagiaires et des organisateurs. On a beaucoup piétiné, attendu, ici et là, en pleine chaleur.
1 commentaire:
Merci pour ces commentaires riches et détaillés. Nous essaierons de faire mieux pour la seconde Semaine de la tapisserie au point au regard des critiques énoncées.
A bientôt et bonne continuation dans vos projets.
Géraldine Cauchy - LAINAMAC
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