Cet après-midi je suis allée faire un tour à la foire internationale de Châteauroux qui mettait la Chine à l'honneur. J'en reviens tristement déçue. Je n'aime pas dire ça, je préfère dire que c'était génial. Mais ici, sur mon blog qui n'intéresse que moi et quelques ami(e)s assidu(e)s, je ne vais pas être trop diplomatique.
Dans un hall d'exposants en tout genre je me suis faite abordée par un monsieur sympa qui m'a demandé, à brûle-pourpoint, si j'achetais le journal local La Nouvelle République.
- Oh non, jamais.
- Pourquoi? me demanda-t-il.
- Euh, répondis-je, je lis les nouvelles qui m'intéressent sur internet.
Un peu plus loin je suis passée devant un fabricant de vérandas. Mais là personne ne m'a apostrophée. Quand j'ai besoin d'une véranda, je n'attends pas la foire. Je m'informe sur internet et je contacte le fabricant le mieux adapté à mes besoins.
En rentrant chez moi à pied à travers le parc, j'ai eu le loisir de réfléchir en profondeur sur cet échange éclair au sujet de l'achat du journal local.
On dirait bien que le clivage de la société française n'est plus entre les tenants du libéralisme et ceux de l'étatisme, n'est plus entre les capitalistes et les marxistes du tout, mais... entre les tenants du statu quo et ceux du dynamisme. "In statu quo ante" on aime que les choses restent ce qu'elles sont, en l'état qu'elles étaient avant. Le dynamisme, c'est au contraire l'utilisation des forces relatives au mouvement. Les deux visions du monde s'opposent tout à fait comme les marées descendantes et les marées montantes. Au bord de la mer quelquefois on peut observer le moment où la marée descendante est arrêtée par la marée montante. C'est le chaos dans les eaux et on se demande qui va gagner! Mais on sait très bien que la marée montante va prendre le dessus.
Mais quand même. Il est un long moment où le désordre semble s'installer, où on ne sait plus qui fait quoi et comment ça va finir. J'ai la nette impression qu'on est exactement à ce moment-là du marnage dans notre société.
Ce sympathique monsieur qui me demandait si j'achetais le journal m'est apparu comme s'il m'avait demandé, en 1915 par exemple, si je me servais de bougies pour lire mon journal. Internet a plus de quinze ans. Les façons de s'informer ont terriblement changées. De plus en plus ce n'est pas l'utilisateur qui paye un service mais un tiers, un publicitaire, un "sponsor", qui trouve son intérêt à faire vivre ledit service. Je disais ça, il y a quelque temps, à un musicien qui se désolait de ne plus pouvoir vivre de son art. Le public ne vient plus, ne paye plus pour venir l'entendre. Bin non. Il faut trouver un tiers, un publicitaire, un sponsor, qui paiera les frais parce qu'il y trouve son compte. Quand on y réfléchit bien, dans les siècles passés, c'était un prince, un mécène qui "invitait" le public. Ce n'était pas l'utilisateur qui achetait son billet. Les marées montent et descendent sans arrêt.
Pour en revenir au clivage, au nouveau clivage qui se fait jour, il paraît que le mot vient d'un mot néerlandais, "klieven" qui veut dire fendre. Le terme est utilisé par les diamantaires. C'est l'action de fendre un diamant pour le dégrossir.
Pour le dégrossir... Si la société se fend ainsi, c'est qu'elle est en train de se dégrossir. Eh bien voilà!
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