En tant qu'ethnologue j'ai pu constaté que dans les milieux où les gens vivent en clans serrés, on trouve absolument aucune confiance dans ce qui n'est pas de la catégorie 'famille'. Ainsi, on construit sa case en famille. On abat un mouton en famille. On part à la pêche en famille. Pour qu'il y ait, dans un milieu social donné, des charpentiers, des bouchers et des pêcheurs, il faut que le reste de la population ait une entière confiance dans ceux qui ne sont pas du clan, de la famille. S'ensuit qu'il n'y a pas non plus d'inovation puisqu'on ne fait pas confiance à ceux qui ont des idées et des façons de faire différentes. Ainsi, on construit sa case toujours pareil le long des millénaires, on abat un mouton ou on pêche un poisson toujours de la même façon. Le progrès n'est pas possible dans une société où ne règne pas la confiance.
...tout en écrivant cela, je me mets à penser que le mot anglais pour 'confiance' est 'trust', et qu'un Trust, c'est effectivement un ensemble d'entreprises où l'on se fait confiance. Mais bon...
Bien sûr, la confiance est à double sens. A quelqu'un sur qui l'on ne peut pas compter, on n'accorde pas sa confiance. Mais vice-versa, quelqu'un sentant qu'il n'inspire pas confiance, ne va pas s'investir. Donner confiance et inspirer confiance s'apprend très jeune. Par exemple, un enfant de 12 ans à qui on confie une brouette pour rentrer du bois, sans être surveillé de près, va faire de son mieux pour mériter cette confiance. Et, une fois qu'il aura mérité cette confiance, il se sentira pousser des ailes pour un prochain travail car, et c'est là le noeud du problème, chaque humain a besoin de se sentir utile. Si je ne me sens pas utile, je ne vais pas donner le meilleur de moi-même et, à terme, je vais abandonner et déprimer. On en est là en France, à grande échelle.
En reliant ceci à la "hiérarchie horizontale", on arrive à une mécanique de transmission des ordres et de la connaissance très différente. Le boss, se trouvant au même niveau que son exécutant et lui faisant confiance, se trouve à même de galvaniser ses troupes, son équipe, son personnel. Les ordres ne viennent pas d'en haut par quelque action divine incompréhensible. La connaissance sur le terrain est très vite partagée avec le boss. Chacun donne le meilleur de lui-même, s'implique, se mouille et l'affaire avance à grands pas, chacun se sentant utile et concerné. Seul le résultat compte. Les méthodes diverses et variées aboutissent toutes au même but... gagner.
Je voudrais raconter ici comment je suis arrivée à penser de cette façon. J'étais toujours en Nouvelle-Zélande quand la coupe de l'America fut remportée par ce petit pays de marins. Comment, grand dieu, david a-t-il pu vaincre goliath? C'est toujours la question qu'on se pose. Je suis donc aller faire un tour au Musée maritime à Auckland où il y avait une exposition sur le cas du bateau "Black Magic" et de son équipage néozélandais . J'ai vu et lu tout ce qu'il y avait à voir et à lire sur le sujet et la lumière s'est faite dans mon esprit quand j'ai compris comment l'équipage avait été géré. Le capitaine s'était mis sur le même plan que ses équipiers et les avait galvanisés, en insistant sur le fait que chacun d'eux était absolument indispensable, même et surtout celui, apparemment insignifiant, qui préparait le thé. CQFD
1 commentaire:
En guise de commentaire je mets ce lien qui donne sur une petite histoire de fiction (en anglais). C'est le monologue d'un gangster professionnel qui professe que la confiance l'aide beaucoup dans son métier !!! A lire à l'aide du traducteur automatique si besoin est.
http://doubledickmove.com/supermarket/
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