jeudi 15 septembre 2016

73. La rage et la colère

Ci-dessous ma transcription d'une vidéo selfie enregistrée par une jeune dame qui venait de se faire flasher sur la route à 72 km/h :

Putain! je me suis fait flasher, à 72 sur une zone à 70, je vais voir mon petit neveu, j'ai limité mes ardeurs, j'aurais pu aller plus vite, je me suis fait flasher, j'avais 5 points, il va m'en rester 4... Ces enfoirés nous rackettent à bloc. 

Pendant ce temps là, eux, ils s'en foutent plein les poches, ils vont à panama ou ailleurs, et nous, comme des grands cons, on se fait flasher, ...  Alors voilà, ils prennent des milliers d'euros tous les mois, pour rien foutre, j'ai envie de dire. A un moment j'y croyais, je me disais : les mecs qui arrivent là, ils se sont défoncés quand même, ils se sont défoncés pour arriver là. Mais une fois qu'ils y sont, ils ne foutent plus rien, d'une voiture avec chauffeur à un gueuleton avec les copains, ils en branlent pas une, en fait, pas foutus de bouger leur cul pour aller voter les lois. Ils nous enflent en permanence et nous, comme des gros cons, on mange 5 fruits et légumes par jour, 5 fruits et légumes au pesticide par jour. 

Ils nous pondent des lois sur l'orthographe complètement absurdes, des réflexions sur le port du voile qui, pff, putain ... 

La démocratie ... mon père, que je respecte infiniment, me dit : non non je ne signe pas de pétition, la démocratie, elle est là pour porter nos voix, donc on vote et ensuite on a des élus qui sont là pour porter notre voix. Mais, mon cul, ils en ont rien à foutre de notre voix, ils en ont rien à foutre. 

Mais qu'ils soient de gauche ou de droite et tout ça, ils copinent depuis qu'ils sont petits, tous ces mecs là, ils en ont rien à foutre de rien, en fait. Donc, la "primaire-point-org", "nuit debout" qui fout les journalistes qu'ils payent pas à la porte, "un deux trois" ou "bleu blanc vert", voilà. La primaire, j'y ai bien pensé, je me suis dit : c'est bon j'y vais, quand je serai dictateur de la république, je vous jure je vais faire le ménage, fini les élevages intensifs,  dehors monsanto, je ferai péter ... 

Et puis je serai copain avec daesh, je crois, je leur dirai vous plantez pas de ... vous êtes complètement tarés, c'est votre problème, mais plutôt que de vous faire sauter en terrasse, allez vous faire sauter à l'élysée, allez vous faire sauter à matignon, allez vous faire sauter à l'assemblée nationale. Sur un plan historique, c'est dommage, c'est un beau bâtiment, mais franchement où est-ce qu'ils sont les regrets, quoi? 

Parce que toutefois si la primaire-point-org ça mène quelque part, s'il y a des gens qui sont soutenus quand bien même par des milliers d'autres citoyens qui disent : celui-là il a de vrais belles idées pour l'éducation, pour la justice, pour l'avenir de notre planète, pour l'énergie, il y en a vraiment qui sont soutenus, mais jamais de la vie, ils y arriveront, jamais, jamais.

Tous ces gros connards qui nous gouvernent, là, ils sont bien placés là où ils sont, de gauche, de droite, y'en a rien à foutre. Le premier qui va foutre une ombre au tableau et menacer leurs putains de privilèges et leurs milliers d'euros mensuels qu'ils se foutent dans les poches jusqu'à ce qu'ils en crèvent, et ils crèveront vieux en plus ces gros salauds, on les laissera pas arriver jusque là... j'ai laissé tomber. 

Qu'est-ce que vous voulez que je fasse, je travaille, je travaille, je travaille pour faire avancer ma petite entreprise. Je paye mon r.s.i. tous les mois, un salaire un mois sur trois, j'ai pas le temps pour la primaire-point-org, de toute façon à quoi bon ? Même si j'ai un égo démesuré, de toute façon je me dis que j'ai aucune chance, ça me dégoûte. (silence) 

Si ils se bougent pas le cul pour aller voter les lois, ils nous enflent en permanence. Alors tu as des mecs qui roulent à 240 sur l'autoroute, du coup ... qui roule à 270 avec sa renault je sais plus quoi qui fonce à bloc pendant que l'hélicoptère repère la bécane, je te dis pas le prix que ça coûte. Le p.v., entre l'hélico et la safrane ... turbo 5 cylindres, et puis baby cool, nous on roule à 72 dans une zone à 70 ! Faut bien rentabiliser, faut bien rentabiliser, shit,  tu vas verbaliser le seul qui roule avec cette vitesse, c'est dingue. 

Et on file des milliards à l'e.d.f. Moi aussi, j'ai bien mon entreprise, ça tourne pas super en ce moment, vous pourriez aussi me  donner quelques millions? Parce que, c'est vrai, moi aussi je donne du travail à des gens des fois, je paye mes cotisations, la t.v.a. oh la la, on déconne pas avec la t.v.a. hein! parce que si tu es en retard, bin oui! Ils filent de la tune à e.d.f. comme sarkozy qui avait lancé les défibrilateurs partout parce qu'il a un pote qui fabrique des défibrillateurs! Bin, mais non, ils en ont rien à foutre, ils en ont rien à foutre de nous. 

Allez! je vais aller rencontrer mes petits neveux et puis aller attendre mon p.v.  (fin de citation)


Cette jeune dame au volant de sa voiture exprime la rage et la colère de tout un chacun dans ce pays. Les mots lui sortent du fin fond des entrailles. Elle ne cherche pas à plaire, ni à choquer d'ailleurs. Elle dit, de façon très directe, tout ce qu'elle a sur le coeur et qu'elle a sans doute retenu depuis un certain temps par patience et par... patriotisme. Elle n'est pas du genre à insulter les dirigeants de son pays. Elle a patienté. Mais là, elle n'en peut plus.

Dans le périmètre de l'hexagone, nous en sommes tous là. Chaque passant dans la rue est prêt à dénoncer les mêmes problèmes que cette dame énumère :

1. Le racket des dirigeants sur les automobilistes.

2. La corruption des dirigeants qui s'octroient des salaires et des sommes sans commune mesure avec la quantité de travail effectué.

3. Le cynisme des dirigeants qui se désintéressent du peuple dès qu'ils sont élus.

4. L'inadéquation des décisions prises par les dirigeants sur ce qu'il faut faire : l'orthographe, le port du voile.  

5. Le copinage, le clientélisme des dirigeants sans distinction d'idéologies.

6. L'impossibilité de s'introduire dans ce système bloqué pour le faire changer.

7. L'exploitation du peuple qui travaille sans pouvoir récolter le fruit de ses efforts.

8. Le gouffre existant entre ce que les dirigeants se permettent et ce qui est permis aux gens du peuple.

9. L'aide aux entreprises géantes étatiques contre l'exploitation des entrepreneurs privés ordinaires.


J'y ajouterai le type de discours des dirigeants qui se gargarisent de grandes phrases et de gros chiffres en milliards et en milliers de milliards, alors que le commun des mortels  compte sur les doigts des deux mains pour survivre. Personnellement il y a un mot en particulier qui me fait bondir, c'est l'expression "prendre des mesures". A part chez un tailleur ou une couturière, je ne vois pas ce que ce mot fait dans la bouche de nos dirigeants. Ce ne sont pas des "mesures" qu'il faut prendre, mais prendre à bras le corps l'étendue et l'énormité du décalage entre eux et nous, entre ceux censés diriger le pays, et nous les habitants de ce pays. 


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